80290 POIX DE PICARDIE
L'église paroissiale de Poix-de-Picardie est assise pittoresquement sur Montcille (ainsi nommé parait-il, parce qu'il était situé à l'emplacement d'un temple dédié à Mercure) dominant la ville qu'elle semble protéger.
On y accède par la rue Porte-Boiteux, par une rampe et des marches aboutissant à l'ancien château, dont la chapelle est devenue l'église du prieuré Saint-Denis, fondé par Gauthier Tyrel III vers 1118.
En 1346, trois jours avant Crécy, Edouard III d'Angleterre brûle la ville et l'église.
En 1358, les Jacques occupèrent une partie du château et l'incendient.
Reconstruites, la ville et l'église sont à nouveau brûlées en 1472 par Charles le Téméraire.
L'église actuelle fut reconstruite, dans la "baille" du château des princes de Poix, selon les plans de Jean Valon, architecte, à la demande de Jean VIII de Créqui, et embellie par le Cardinal Antoine de Créqui, Évêque d'Amiens.
Seule la base du clocher du XIIe siècle et le pan de mur servant de contrefort qui lui fait suite paraissent avoir subsisté de l'ancien état des choses.
Commencés en 1538, le chœur et le transept du nouvel édifice furent terminés en 1540.
Il faut admirer la belle voûte d'une légèreté remarquable et d'une grande hardiesse, aux quarante-quatre pendentifs sculptés et peints de plus d'un mètre de saillie.
Les treize pendentifs du chœur, dus à un meilleur ciseau que les autres, sont du milieu du XVIe siècle. Ces clefs de voûte représentaient les mystères de la Sainte-Trinité, de l'Incarnation (malheureusement disparu) et de la Rédemption sur laquelle aboutissent toutes les nervures de l'abside. Elles sont entourées d'un collier de témoins et d'écrivains (les quatre évangélistes, Saint-Paul, Saint-Pierre et Saint-André). Saint-Jean-Baptiste le précurseur et deux représentations différentes de l'Archange Saint-Michel complètent cette louange à la gloire de Dieu. Leurs rosaces portent douze blasons de la Maison de Créqui et l'écusson de la Maison de Blanchefort.
En 1698, la tempête arrache la porte du clocher, puis c'est l'inondation de 1702 par suite d'un orage et en 1707 l'incendie.
Le 14 septembre 1792, l'église est fermée. Pendant la terreur, elle fut transformée en entrepôt, puis en étable à bœufs. Le 7 thermidor de l'an X, l'église est rendue au culte sous le vocable de la Sainte-Vierge.
Bombardée en 1940, sa restauration ne fut terminée qu'en 1956 pour le chœur et le transept et en 1962 pour la nef.
Les vitraux d'origine ont disparu. Les baies du chœur et du transept ont été munies, en novembre 1965, de vitraux modernes. Le Christ de pitié, visible à gauche de l'entrée latérale (façade Sud), a le bras droit brisé.
Juste à côté de l'église, se trouve un cimetière militaire (tombes d'aviateurs du Commonwealth abattus pendant les combats de la Seconde Guerre mondiale).